Carnet de route
La Chenille, le Bourdon et la Libellule (séjour Alpi - juillet 2021)
Le 18/07/2021 par BRONSART Philippe
La Chenille, le Bourdon et la Libellule (semaine Alpi - juillet 2021)
Et non, ce ne sera pas encore pour cette année. La météo rétive a eu raison de notre projet de semaine d’alpinisme à Chamonix. Nous sommes 13, sans doute un mauvais présage...
Après avoir scruté les prévisions jusqu’au dernier moment avec Yaya, il nous faut malheureusement nous rendre à l’évidence, la fenêtre météo se trouve autour de la Méditerranée. C’est donc dans le Mercantour que nous orientons nos recherches. Après une visualisation « CamptoCamp », nous optons pour le Refuge de la Madonne de Fenestre audessus de Saint-Martin de Vésubie : beaucoup de possibilités de tous niveaux en grandes voies et courses d’arêtes plus ou moins équipées, de quoi initier les nouveaux adhérents à la haute montagne et parfaire notre encadrement.
C’est après une journée de voiture, plus de 800 km et une halte bienvenue au camping municipal de Valdeblore que nous sommes à pied d’œuvre. Sans oublier le choc de notre passage éclair dans la vallée de la Vésubie : une désolation et un chaos avec ces tonnes de rochers amoncelés et ces maisons en équilibre dans le vide ou complètement détruites après le passage de la tempête « Alex », le 2 octobre 2020.
Les crues ont également eu raison de la route d’accès au refuge. Qu’à cela ne tienne, c’est à pied et après 2h de marche que nous l’atteignons. Un ensemble un peu hétéroclite de bâtiments : le refuge lui-même, seule preuve de vie, une étable en contrebas, mais aussi une chapelle dédiée à la Madonne et une boutique de bondieuseries (fermées, pas de route, pas de touristes !!!). Il y a aussi un centre d’accueil imaginé naguère par Jacques Médecin, ancien maire de Nice, qui voulait en faire un hôtel de luxe. Mais, construit avec des fonds douteux, il n’a jamais été inauguré et a finalement été racheté pour le franc symbolique par une congrégation religieuse. Elle achève petit à petit les travaux en vue d’accueillir ses serviteurs pour leur dernier séjour avant leur passage dans l’au-delà. L’honneur est sauf !!!
Donc, une matinée à faire la liaison entre le camping et le refuge et un départ vers 13h pour l’ensemble du groupe réparti en plusieurs cordées. Finalement, une après-midi un peu compliquée pour certains dont je fais partie avec pour projet : le Pilier Ouest du Petit Cayre de la Madonne de Difficulté « D 5b » en 6 longueurs et 180 m de grimpe. Comme souvent, des informations difficiles à interpréter pour trouver l’entame de la voie, une petite heure à chercher et quand même, au bout du compte, un départ qui s’offre à nous. Pas trop de soucis dans la voie, Arnaud est devant et assure comme un chef... Mais quand même, le temps qui passe... Après 2h de redescente, nous voilà hors délai pour le diner avec un peu plus d’une heure de retard par rapport à l’horaire prévu (19h). Et de nous faire engueuler comme des gamins par une jeune fille d’une vingtaine d’années, un peu comme si on l’avait fait exprès... Tellement surpris que l’on a fait profil bas en promettant que cela ne se reproduirait plus... Nous apprendrons un peu plus tard que nous avons troqué le Pilier Ouest contre le Pilier Sud-Ouest plus ardu en TD-. Décidément, l’alpinisme n’est pas une science exacte...
Et les journées qui s’enchainent avec les mêmes cordées le 2ème jour et un grand mélange par la suite. Finalement, à peu près tout le monde aura grimper avec tout le monde. Mais, pas de raccourci, le club Alpin du Blaisois ne pratique pas « l’échangisme » !!!
Et toujours cette crainte de ne pas respecter les délais ….
Pour la 4ème et dernière journée, certains ont joué avec le feu avec l’Arête du Saint Robert : près de 800 m de dénivelé pour atteindre l’entame, 500 m de difficultés en AD+ et surtout un groupe de 10 personnes (Aubin, Martin et moi ayant préféré l’Eperon SW de l’Epaule de l’Arête au Mont Neiglier : 200 m en D+ et 5C+ max, une voie de toute beauté). Autant dire que ce n’était pas gagné pour la Chenille. Et, de fait, les 3 « sages » ont cru au pire en voyant notre trailer Baptiste redescendre en courant en nous annonçant que le reste du groupe ne serait pas là avant 19h30... C’est finalement vers 18h50 et après avoir prévenu du retard notre gentille « cerbère », que nous voyons arriver notre chenille toute guillerette entonnant « en voiture les voyageurs, la chenille est toujours à l’heure !!! ». Bon là, je grossis un peu le trait car j’étais le seul à chanter...
En définitive, 4 jours bien remplis à explorer une partie du massif du Mercantour, à la redécouverte, avec entrain, de nos quadriceps, joie et bonne humeur.
Le refuge étant réservé en fin de semaine, nous voilà en route pour Ailefroide, une des Mecque de l’escalade avec sans doute pas loin de 1000 grandes voies. Une « vieille connaissance » pour certains d’entre-nous, mais une découverte pour beaucoup. Un panorama de falaise à 180° depuis notre emplacement, que l’embarras du choix... Il nous fallait bien honorer notre venue par un pèlerinage à la « Fissure d’Ailefroide », voie de 270 m très partiellement équipée, parfois à michemin entre l’escalade et la spéléo. Ce fut notre destin avec Serge et Sylvain et nous ne l’avons
pas regretté...
Revenus au camping, nous apprenons que Guillaume et quelques autres, non rassasiés, sont repartis faire quelques couennes sur l’école d’escalade en face. Et tout à coup, le bruit lointain d’un Bourdon qui se rapproche. Pas de doute, c’est un hélicoptère qui vient frôler la paroi, justement au niveau de l’école d’escalade. Sappho et Serge, inquiets, se précipitent. Pour ma part, je supervise la scène depuis le camp de base comme de nombreux touristes, avec plusieurs rotations depuis le camping. Et soudain, accrochée à ce gros Bourdon, notre « Libellule Aurélie » qui, suspendue dans les airs, s’en va rejoindre l’hôpital de Briançon. Heureusement, plus de peur que de mal : une corde un peu trop courte, une mauvaise manip, sans doute de la fatigue, un peu moins d’attention et une mauvaise chute heureusement amortie par une vire intermédiaire. Elle s’en sort avec de gros bleus et une cheville un peu fragilisée. Christophe, son binôme de cordée, cogitera encore longtemps sur cet incident... Au bout du compte, pour Aurélie, un petit survol gratis des Ecrins en hélicoptère accompagnée de beaux sauveteurs (dixit Aurélie). Pour nous, une bonne leçon sur le caractère parfois hostile de la montagne et une vigilance de tous les instants à avoir...
Heureusement, plus de frayeurs pour la fin du séjour et nous voilà revenus à Blois, la tête encore bien remplie de tous ces bons moments de grimpe et de cette franche camaraderie. Pour sûr, on remet ça l’année prochaine !!!
Philippe