Carnet de route

Séjour Alpi 2024 : Aventures au sommet

Sortie :  Séjour Alpinisme & Rocher Estival du 05/07/2025

Le 14/07/2024 par Philippe et Serge

Pour Sappho et Serge c’est une grande nouveauté : première organisation d’un séjour alpi. Leur formation vient à peine de terminer (en mai) et du coup c’est un petit défi. Ils font donc le choix, prudent, de partir sur un terrain connu : le glacier du Tour, car ils y ont fait leur premier stage (perfectionnement). Toutefois c’est à combiner avec un désir émis par Philippe l’an dernier et soutenu avec gourmandise par Sappho : faire le Mont Blanc ! Le tout avec un groupe très hétérogène tant en niveau technique (puisque au moins un vrai débutant) que physique (de peu sportif à ultra trailer). Le programme concocté comporte 3 nuits à Albert premier et trois nuits aux cosmiques plus des nuitées en camping (premier et dernier jour) ainsi qu’un panel de courses pour différents niveaux. En « joker », Arnaud, nous rejoindra lundi pour se remettre un peu dans le bain de l’alpinisme (mais c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas …) Il assurera une supervision bienveillante du séjour et validera le niveau perfectionné de Seb et Guillaume.

Sappho se charge des réservations/hébergements et Serge du recensement/distribution du matériel. Ils annoncent dès le départ que seule la moitié de l’équipe (2 cordées de 3 ou une de trois et deux de deux) pourra faire le Mont Blanc : les candidat.e.s et/ou pressentis sont Arnaud, Baptiste, Cécile, Guillaume, Philippe, Sappho et Sébastien. Ça n’attire pas trop Serge car c’est une « bavante » avec plein de monde (en gros ce qu’il n’aime pas). Du coup il ne s’acharne pas sur la préparation physique ce qui l’arrange bien sur le coup (c’est une grosse feignasse) … mais qu’il regrettera plus tard !

Coté moyens de transport on n’est pas trop dans l’optimisation écologique (5 véhicules pour 12 personnes) à cause des départs échelonnés ou poursuite du séjour sur place, mais contre toute attente on arrive à super bien goupiller tout ça.

Au fur et à mesure que le séjour approche les conditions se dégradent. Nous commençons à envisager un plan B dans les écrins … A trois jours du départ, 2 à 3 jours de mauvais temps sont prévus sur la durée du séjour, mais ce n’est pas si mal : on maintient donc notre plan A. Toutefois à J-1, météo France annonce des pluies diluviennes pour le samedi soir et le dimanche matin en vallée de Chamonix, ce qui n’est pas top pour camper ! Philippe, qui n’est jamais à court de bonnes idées, nous propose de décaler le départ au samedi midi, de faire une partie de la route l’aprem, de dormir dans un hôtel ou air bnb et de finir tranquillement la route dimanche matin. Comme ça on ne se mouille pas et on n’a pas de tente à faire sécher. Ça c’est un bon président !! En route, nous nous retrouvons sur une petite portion d’autoroute en flux (sans péage avec règlement obligatoire en ligne sous peine d’amende dans les 72 h) un peu avant Macon, Baptiste notre défenseur des libertés et « chevalier » contre l’emprise informatique ne s’en est toujours pas remis !!!

 

Dimanche :

Nous sommes donc d’attaque dimanche en fin de matinée sur le parking du chalet du Tour pour engager la montée au premier refuge : mise en jambe sur 1200m de D+. Les différences de niveau physique du groupe apparaissent dès cette montée. Heureusement il y a une belle cohésion dans le groupe, et les « vaillant.e.s » attendent patiemment les plus lent.e.s (dans le froid et la pluie !). Arrivé à la moraine, Serge est content de ne pas s’être inscrit dans le groupe « Mont Blanc » car le souffle est court (il aurait peut-être dû être un peu plus sérieux sur ma préparation physique !).

Eric est à la peine lui aussi : il est malade depuis samedi, une grosse sinusite est en train de le prendre : on l’a rarement vu dans un tel état de fatigue (ce qui s’expliquera après coup puisqu’en plein pic de fièvre !).

Lundi :

En route pour l’aiguille du Tour par le col supérieur du Tour en A/R. C’est une course facile (mais un peu longue) pour la mise en jambe et l’acclimatation. Nous y allons donc presque toutes et tous (4 cordées) : Eric et Mélanie restent se reposer au refuge.

L’acclimatation est parfaite, y compris en termes de « foule « pour celles et ceux qui iront faire le Mont Blanc ! (c’est blindé, à croire que tout le refuge est sur ce sommet !). Mais il fait beau alors on peut attendre tranquillement en profitant de la chaleur et du soleil. L’enneigement est excellent pour la saison : les rimayes et crevasses sont encore bien bouchées.

C’est l’anniversaire de Sappho aujourd’hui … alors elle a le droit de souffler une petite bougie au sommet de l’aiguille au tempo d’un « joyeux anniversaire » chanté presque sans fausse note. On prend notre temps pour cette « petite fête » et tant pis pour les cordées qui attendent : ça avait qu’à être leur anniversaire après tout !

Nous redescendons donc joyeusement.

Arnaud, qui était de mariage le weekend, nous rejoints au refuge en fin d’après-midi, un peu fatigué après une nuit un peu courte, le voyage et cette première grimpette.

 

Mardi :

Sappho, aidée d’Eric, emmènera deux cordées dans l’arête du Génépi (Mélanie, Tim, Laetitia) pour une belle course d’initiation au mixte en gardant les crampons aux pieds dans les parties rocheuses.

Arnaud nous ayant rejoint, l’autre partie du groupe (Arnaud, Baptiste, Cécile, Guillaume, Philippe, Sébastien, Serge) part sur l’enchainement Tête blanche-Petite Fourche avec pour objectif la validation du niveau « perfectionné » de Seb et Guillaume, pour qu’ils puissent entrer en formation Alpi l’an prochain. Et du coup c’est Cécile (dont ce n’est que la deuxième semaine d’Alpi) qui prend la tête de la troisième cordée. Les trois têtes de cordées gèrent parfaitement la course, toujours sous un magnifique soleil.

Rentrés en début d’après-midi, comme la veille, à peine le temps de déjeuner et de se reposer, il nous faut rechausser les crampons et remettre tout l’attirail, nos formateurs Sappho, Serge, Seb et Arnaud veillent au grain (franchement, mieux que des Pros, et tout ça, rien que pour la postérité !!!). Et pour que le séjour soit vraiment complet : recherche DVA, assurance dynamique de chute à la montée et à la descente, cramponnage et progression sur glace, et, cerise sur le gâteau, Laetitia aura même droit à visser une broche à glace, alléluia !!! Tout ça avec quelques aléas, comme la perte inexpliquée d’un kit DVA (Pelle, sonde) qui se trouvera finalement être dans le sac de Cécile (elle cache bien son jeu et pas que …).

Mercredi :

Descente vers la douche (très attendue) du chalet du Tour. La météo nous annonce Pluie/orages sur la matinée avec une accalmie vers 15h : Serge aimerait profiter du créneau « beau » pour descendre l’arête de l’aiguille du midi sereinement. La douche est vraiment délicieuse ! Une fois propres nous nous acheminons vers Chamonix en voiture (après un petit conciliabule digne d’une élection papale pour choisir entre voiture et train !). Eric, toujours malade, préfère rester en bas pour finir sa convalescence, mais grand seigneur, il se propose pour faire le taxi entre la gare du téléphérique et les parkings.

La mauvaise météo annoncée n’est finalement pas là et nous décidons donc de prendre les bennes de midi pour monter à l’aiguille du midi (ça ne s’invente pas !) et gagner rapidement le refuge des cosmiques avant que les conditions ne se dégradent.

Nous nous équipons et c’est la descente de l’arête du midi. Petite pensée pour Tim et Cécile pour qui c’est la première fois. Ils ont dû être impressionnés …

Finalement, contre toute attente Serge se sent en pleine forme dans la montée aux Cosmiques. La météo est bonne et il se dit que vu son âge, les occasions favorables pour faire le Mont Blanc risquent de ne pas se représenter …

Le soir, nous organisons le briefing pour préparer le programme du jeudi. Serge annonce, un peu embarrassé, qu’il aimerait bien être de l’équipe Mont Blanc finalement. Seb nous dit qu’il a un peu mal au genou et qu’il accepte de se désister, et d’encadrer l’équipe qui ne fait pas l’ascension du MB (Il n’a peut-être pas si mal au genou que ça et il est juste trop gentil avec Serge !). Le programme du jeudi est donc :

  • Mont Blanc : Arnaud, Baptiste, Guillaume, Philippe, Sappho, Serge
  • Enchainement Traversée pointe de Lachenal - Arête à Laurence : Seb, Cécile, Tim, Laetitia, Mélanie.

Le soir, la gardienne nous annonce que pour le MB, il y a de bonnes conditions de neige mais que nous aurons un vent compris entre 60 et 80 km/h. Nous sommes 140 au refuge, avec de très nombreux candidat.e.s pour le sommet du MB … ça promet ! Du coup nous choisissons de nous lever très tôt pour ne pas être trop dans le flot de la foule.

Jeudi :

Cordée Sappho-Arnaud-Serge (récit Serge)

Lever à 23h45 (ouais en fait c’est encore mercredi !) pour un petit dej à minuit. Départ à 0h50. Pour le coup nous sommes bien les premiers à attaquer mais … dans le brouillard ! et là on se souvient qu’on a oublié de repérer l’attaque de la voie hier soir, du coup on est un peu paumés. Heureusement, Sappho avait téléchargé la trace sur son téléphone quand on était en vallée, et elle nous fait donc un superbe guidage au téléphone/GPS jusqu’à l’attaque du Tacul où nous retrouvons les nombreuses traces de la veille.

Les montées du Tacul et du Maudit se font plutôt bien avec quelques petits murs pour franchir les séracs/rimayes bien sympathiques. Nous sommes plutôt protégés du vent sur cette première partie. Notre rythme est tranquille (les cordées en dessous pensaient sans doute « trop lent » !). La file de frontales sous nous est impressionnante : ils sont tous partis entre 2 et 3h du matin. Quelques cordées nous doublent : c’est le matin les gens sont encore polis et nous demandent gentiment s’ils peuvent nous dépasser. Sappho prend la tête de notre cordée car nous sommes un peu lents avec Arnaud. Baptiste Guillaume et Phillipe sont devant et prennent un peu d’avance. Petite pause pour boire : les pipettes ont gelé … le reste de la course se fera donc sans boire ! A la sortie du couloir du Mont Maudit le vent annoncé est bien là ! impressionnant avec des rafales qui nous déportent quand on arrive au col de la Brenva et qui font même tomber Sappho. A partir de là c’est un petit calvaire pour Arnaud et moi : le manque d’oxygène se fait sentir à partir du mur de la côte et je suis obligé de faire des pauses régulières pour reprendre mon souffle. Sappho ralentit pour ne pas que je « cale » dans cette montée. Le vent est glacial et la neige fouette nos visages. J’envie Arnaud qui a pensé à prendre un masque alors que j’ai un œil quasiment fermé par la glace. La montée est lente et difficile mais hors de question d’abandonner « si près » du but. A un moment donné nous croisons notre première cordée qui redescend du sommet. Sur une suggestion de Sappho, Guillaume m’annonce « il n’y a plus que cinq minutes avant le sommet » ! effet motivant immédiat ! presque 5 minutes après (le temps est relatif il parait) nous atteignons enfin le sommet (vers 9h) … hélas dans les nuages (le fameux nuage lenticulaire) avec aucune visibilité, le vent est toujours aussi fort et glacial. On est quasiment tout seuls là-haut. Sappho nous demande ce qu’on fait et devant nos têtes de zombies et notre difficulté à articuler correctement une réponse, elle se résigne à redescendre aussitôt : pas de photo, pas de pause (j’avais monté le traditionnel Babybel du sommet qui est finalement resté dans le sac). Désolé Sappho, on t’a un peu (beaucoup ?) privée du plaisir du sommet !

Cordée Baptiste-Guillaume- Philippe (récit Philippe)

Pour l’autre cordée, les conditions sont les mêmes et les organismes tout aussi mal en point. Pipette gelée, le manque d’eau est criant pour moi. Mais, grâce à Baptiste (mon sauveur), j’aurai droit à la « tétée » aux gourdes attachées à son gilet de trailer. Devant ma mine en détresse, plusieurs fois, avant l’assaut final, mes compagnons, m’interrogerons du regard et de la voix. Pas loin de faire demi-tour, je rassemblerai des ressources insoupçonnées pour continuer dans un mouvement presque mécanique. Et finalement, nous rejoindrons le sommet avec une immense joie, des félicitations mutuelles, et bien-sûr, des tonnes d’émotion. De retour à Blois, les propos de Baptiste (notre ultra trailer qui a parcouru, et en bonne place, les plus grands itinéraires : Tor des Géants, UTMB, Diagonale des Fous, …), évoquent à merveille cet épisode : « je rêvais d'atteindre le sommet seul, à la Kilian, ignorant que son intensité à trois serait bien supérieure et mémorable. Pour rien au monde, je n'aurais voulu arriver seul là-haut. Les images parlent d'elles-mêmes. Je suis heureux que le destin nous ait réuni toi et Guillaume dans la même cordée ».

Dans le sens de la descente, c’est quand même bien plus facile ! Nous retrouvons le soleil au mur de la cote mais le vent ne veut pas nous lâcher. Petite pause pour avaler une barre au sommet du couloir du Maudit : hélas le vent redouble au bout d’à peine une minute de calme et il nous faut repartir. L’accalmie arrive enfin sur le passage entre le bas du Maudit et l’épaule du Tacul. Et là c’est la fête ! on peut enlever une couche, se restaurer, boire et mettre de la crème solaire ! La fin de la descente est tranquille avec quelques cordées qui nous grillent la politesse sur les murs du Tacul (et nous ralentissent du coup).

Nous parvenons au refuge vers 14h30. Nous y retrouvons le groupe « Lachenal-Laurence » très heureux de leur journée aussi.

En soirée le mauvais temps arrive. Le vent coupe l’électricité au refuge qui doit enclencher le groupe électrogène. Compte tenu des mauvaises conditions météo annoncées, la quasi-totalité des cordées décide de redescendre le lendemain. Pour nous ce sera journée repos avec grasse mat jusqu’à 7h.

Vendredi

Mauvais temps comme promis. Toujours pas d’électricité au refuge. La gardienne indique que les bennes de redescente de l’aiguille du midi sont fermées. Petite pensée pour toutes les cordées qui se sont tapées l’arête du midi dans le mauvais temps pour poireauter à l’aiguille ! Nous profitons d’une petite accalmie en matinée pour nous aussi faire un tour à l’aiguille du midi pour visiter les espaces « touristes ». Traversée tranquille mais quand nous arrivons à midi, tout est fermé. Un opérateur nous indique que ce sera fermé toute la journée et nous invite à retourner au refuge. Bon c’est raté pour le tourisme alors !

Retour au refuge, bon déjeuner avec omelettes, assiette de charcuterie, fromage … et petit film l’après-midi en séance VIP (après toutes ces émotions, rien de mieux qu’une séance qui fait l’apogée de l’immobilité, de la lenteur, de l’observation et de la traque « La Panthère des Neiges ») pour nous occuper (merci à la gardienne).

Le soir préparation des courses du samedi. Suite à une discussion enthousiasmante avec la gardienne j’annonce qu’on peut toutes et tous aller faire l’arête des cosmiques, mais après réflexion je comprends que j’ai dit une connerie ! Finalement deux cordées partiront sur l’arête (Sappho-Serge et Seb-Laetitia-Arnaud) et les autres descendront en vallée pour aller grimper sur du bon rocher chaud. Comme à son accoutumé, Serge passe deux heures à lire tous les topos possibles de la course et à les apprendre par cœur !

Samedi

Pas mal de neige tombée dans la nuit et le vent est toujours là, mais nettement moins violent que les jours précédents. Deux cordées avec guides sont déjà parties et nous ont fait la trace. Les bennes ont démarré avec retard ce matin et donc, malgré un départ tardif à 7h30, nous allons être plutôt tranquilles sur cette course, elle aussi réputée pour sa fréquentation et ses files d’attente.

Du coup c’est un pur plaisir de faire toute la première partie, seul.e.s mais avec un itinéraire tracé.

Nous sommes hélas, comme d’habitude, un peu lents et des cordées finissent par nous rattraper et nous doubler au rappel sous la deuxième tour. Mais ça va, ce n’est pas non plus une affluence monstrueuse.

Nous poireautons un peu à l’attaque du pas de 5 et finissons la course seul.e.s. Du grand bonheur !

Arrivés sur la terrasse de l’aiguille du midi, Seb est très ému et très content d’avoir fait cette course en tête de cordée. Ça me fait très plaisir : malgré son « sacrifice » pour me laisser faire le Mont Blanc, il aura pu faire une belle course dont il rêvait.

Petit bilan de ce séjour

On a eu beaucoup de chance avec les conditions de neige et de météo.

Le groupe a été ADORABLE à tout point de vue !

On a pu faire le programme prévu

Ce massif est vraiment top : il va falloir y revenir !

On a un beau potentiel de cadres pour les années à venir …

Un grand merci à Sappho et Serge d’avoir imaginé, organisé et encadré ce séjour. Pour une première, c’était royal !!! (Le hic, la coriandre à toute les sauces, mais bon, on ne va pas en faire tout un plat ...)

 

Serge (+ quelques ajouts de Philippe)







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