Carnet de route

Dans les Calanques, la nuit est magique …
Sortie : Escalade Grande Voie du 29/10/2022
Le 02/11/2022 par BRONSART Philippe
Ce récit aurait pu commencer comme le conte du petit poucet, une histoire de petits cailloux, sauf que là le dit caillou est au singulier et qu’il nous a fait rater la sortie vers Cassis. Et nous voilà en route pour Nice et la Côte d’Azur, au final demi-tour et 60 km de rab. Mais bon, après une journée de route, on n’était pas à ça près. En fait, c’est l’histoire d’un petit caillou du massif du Sancy (sans doute un morceau de Basalte ou de Granit) pas plus gros qu’un petit caillou mais tombé de si haut qu’il a justifié le déplacement d’un hélicoptère. Et notre Eric profitant d’un petit tour gratis pour gagner l’hôpital de Clermont-Ferrand (mollet en vrac). Cette histoire nous a accompagné une partie de la route, ce n’est pas qu’il radote notre Eric, mais il fallait bien la raconter au nouveau copilote ….
Début de ce séjour dans les Calanques, un petit nid douillet à Roquefort la Bédoule au Camping des Portes de Cassis, un bungalow copie conforme à tous les autres mais bien confortable. Nous sommes 8, Sappho qui nous a rejoint après son stage à la Sainte-Victoire, Manu, Mélanie, Eric, Serge, Thibault, Marius et moi-même. Sur place, un peu serré dans le véhicule d’Éric homologué pour 7 personnes, qu’à cela ne tienne, nous avons embarqué 2 vélos dans la remorque, en plus des nombreux bagages et de tout le matériel de grimpe. Une idée géniale vite abandonnée étant donné le relief et la distance à parcourir : nous sommes à 8 km de la 1ère Calanque et nos mollets (encore eux) vont être suffisamment mis à contribution par les marches d’approche et l’escalade. Finalement, sans aucune protestation, la compagnie est prêt à se serrer un peu …
Un programme de la 1ère journée dans les Calanques concocté par Serge qu’il nous a fallu revoir rapidement. A peine sortis du camping, un barrage de la gendarmerie bloque la route vers Cassis, personne ne passe. En cause, la course à pied Marseille-Cassis, la grosse attraction du week-end. Nous proposons bien d’embarquer les 2 gendarmettes (quand il y a de la place pour 8, il y en a pour 10 !!!) pour prouver que nous allons passer la journée dans la Calanque d’En Vau, mais rien n’y fait, elles sont intraitables, même du côté de Marseille … Demi-tour donc (un de plus) et un plan B à trouver en quelques minutes. Cap Canaille est une option toute proche, mais avec très peu de voies abordables. La Sainte-Victoire n’est pas si loin et les possibilités sont énormes, de tous niveaux. Sappho connait déjà pour y avoir grimper durant la semaine, elle propose de nous guider, et nous très contents de découvrir un nouveau massif. Ce sera une grande voie équipée pour la majeure partie du groupe et une autre plutôt typée « terrain d’aventure » pour Serge et moi. Une belle découverte que ce massif, un très beau rocher, varié dans sa composition (tantôt calcaire, tantôt grés, tantôt poudingue) et ses formes. Nous grimpons sur 2 voies contigües, une recherche d’itinéraire, l’occasion d’alterner les premiers de cordée, un plaisir partagé, un vrai bonheur. Avec Serge, notre équipé plus légère enchaine sans problème la voie. Nous sortons les premiers et décidons d’attendre nos amis. Une attente qui dure un peu mais nous en profitons pour parcourir du regard ce beau massif et reprendre des forces. Finalement, nous repérons le reste de la bande qui entame les 2 dernières longueurs. Encore un peu d’efforts et tout le monde se retrouve. Avec Serge, à l’aide du topo, nous repérons vaguement une autre possibilité de voie dans la barre supérieure. Nous voilà donc repartis pour une autre aventure … Que Nenni, insuffisamment préparés, marchant à vue dans le maquis et les broussailles sur un vague sentier (même parfois très vague) à la recherche d’une hypothétique voie ressemblant à celle que nous avons repérée. Après 40 mn d’égarement, nous devons battre en retraite, il est désormais trop tard pour entreprendre une nouvelle voie. Nous rejoignons le groupe au parking. Il est à peine 16h, mais la proposition de Sappho de nous transposer dans un autre secteur accessible en 20 mn trouve peu d’écho. A la place, un programme concocté par Mélanie et Manu fait de plage, de baignade et de bonne bière en terrasse à Cassis fait rapidement l’unanimité ….
Pour le 2ème jour, il faut enfin profiter de notre destination paradisiaque car la pluie est annoncée pour le 3ème. Une bonne partie de l’équipe va en profiter pleinement …. Destination la Calanque d’En Vau, sans doute une des plus belles, à 1h30 de marche de Port-Miou. Pour Eric, Manu et Mélanie ce sera une journée de découverte et de plaisir à l’assaut de la Grande Vire d’En Vau (« tout au long du parcours, on bénéficie d’une vue exceptionnelle sur En Vau ») avec en prime des manipulations de corde et des exercices de progression sur coinceurs. Pour le reste du groupe, le programme est copieux puisqu’il correspond à un long enchainement : descente par le « Trou du Canon », traversée Ramond, 2 rappels, traversée « au Fil de l’Eau », remontée en 2 longueurs vers la Ramond que l’on retraverse en partie pour atteindre la remontée vers le Trou du Canon. C’est un peu l’enchainement Briançon, Col du Galibier, Col du Télégraphe, Col de la Croix de Fer et Montée à l’Alpe d’Huez pour les grimpeurs du Tour de France !!! Bon j’exagère un peu, mais pas tant que ça vu que notre programme de renforcement musculaire préparé par Seb n’a pas encore commencé !!! Il est pratiquement 10h quand nous entamons le 1er rappel et malgré notre bonne volonté, l’itinéraire est long et tortueux, souvent impressionnant entre traversées un peu exposées, pas de bloc, petites montées et petites descentes. Pratiquement arrivées aux 2 rappels nous permettant de rejoindre le départ de la seconde traversée, nous butons sur un groupe de 4 qui nous devance et qui va nous ralentir tout du long. Un grand moment de bonheur que cette traversée « au fil de l’eau », à la fois technique, génial dans sa conception, et magique de beauté …. Mais quand même, le temps passe, nous rejoignons nos compagnons d’infortune à chaque relais et devons attendre qu’ils progressent suffisamment. Et la nuit nous surprend alors que nous atteignons le départ de la remontée avec les 2 longueurs en 5C qui nous permettent de rejoindre la Ramond. C’est donc à la frontale que nous devons finir l’itinéraire (à vrai dire, pas une première pour moi, avec quand même la nouveauté d’entamer la nuit sur un nouveau tronçon depuis le bas de la remontée). Quelques péripéties pour retrouver l’accès au Trou du Canon et être certains que nous y sommes, un soupçon d’adrénaline dans la dernière longueur, facile mais sans protection véritable et nous voilà enfin tous rassurés de regagner la sortie. Il nous reste 1h30 de marche pour retrouver le reste de la bande vers 23h30, endormie dans la voiture sur le parking de Port Miou …
Dernière journée plus cool puisque l’orage annoncé nous octroie pratiquement 2 heures de sommeil en plus. Mais le soleil revient rapidement et nous voilà repartis pour la Calanque d’En Vau par un autre itinéraire tout aussi long mais plus tranquille après la pluie, depuis la route de la Corniche jusqu’au col de la Gineste ou un parking nous attend. Plusieurs voies dans le secteur « Sirène et Saphir » : Saphir, Sans Nom et Sirène Liautard, toutes annoncées faciles mais finalement très patinées et sous-cotées. Après une 1ère longueur soi-disant en 4C dans Sirène Liautard, nous décidons de rebrousser chemin avec Mélanie, la seconde longueur en 5a avec un pas de bloc au départ et un rocher luisant de patine n’étant pas du tout inspirante avec les efforts de la veille. Nous découvrirons après coup qu’elle est désormais coté « 6a » dans le dernier topo. Nous nous rabattons sur les 2 premières longueurs de la voie dénommée « Sans Nom » empruntée par Eric et Manu que nous enchainons en réversible. Après les 2 rappels, la nuit nous rejoint et c’est une fois de plus à la frontale que nous faisons la marche de retour (un « baptême » pour Mélanie dans les Calanques !!!). Heureusement, le reste du groupe a mieux gérer le timing et nous attend au parking …. Il n’est que 20h quand nous rejoignons le camping.
Tout le temps cette fois de prendre l’Apéro et de préparer le « Chili Con Carné », histoire de profiter pleinement de la version « gazeuse » lors du retour en voiture le lendemain …
Une fois de plus, un grand plaisir de retrouver les Calanques et son ambiance magique et de partager de bons moments de grimpe.
Moralité de l’histoire : avoir toujours des petits cailloux au fond de son sac et surtout, une bonne frontale …
Philippe B. (séjour du 29 octobre au 2 novembre 2022)