Carnet de route

Pralognan-la-Vanoise : Rescapés du séjour et très heureux
Sortie : Séjour Alpinisme & Rocher Estival du 05/07/2025
Le 31/07/2023 par BRONSART Philippe
En cet été 2023, notre groupe a fondu comme neige au soleil, effet du réchauffement climatique, allez savoir ? En tout cas, de 8, voire 10 au départ (en incorporant Serge, Seb, Mélanie, Arno, Jef et François), nous n’étions plus que 4 au moment de partir :
- Sappho, la volontaire méthodique : exigeante avec elle-même, elle aborde les voies de manière rationnelle en sécurisant au maximum son projet (traduction : en se chargeant comme une mule question matériel, au cas où !!!).
- Manu, la persévérante de bonne composition : un peu juste au niveau condition physique, parfois épuisée pour sa toute première expérience d’alpinisme en haute altitude, il lui arrive de galérer mais ne renonce pas.
- Éric, la force raisonnée : pratiquant la haute montagne depuis pas mal d’années, il bénéficie d’une bonne expérience et connaît ses limites, pas du genre à s’embarquer dans des projets insensés.
- Philippe, l’impatient téméraire : sans doute le plus expérimenté du groupe (âge oblige) mais souvent pressé (la rando glaciaire, c’est bien, mais vite monotone), à la recherche de challenges et plutôt du genre à essayer de côtoyer ses limites.
Qu’à cela ne tienne, « petite équipe » ne veut pas nécessairement dire « petit projet ». En ce début d’été, la réservation du refuge de la Vanoise oriente notre programme avec 4 nuitées au camping de Pralognan avant de rejoindre le dit refuge le mercredi : départ le samedi aux aurores (5h), un trajet sans souci avec Éric au pilotage (on a bien essayé de le relayer, mais impossible, il adore tellement sa voiture …). Arrivée vers 12h30 au camping et montage de la tente sous un ciel menaçant. Qu’à cela ne tienne, la via-ferrata de la cascade de la Fraiche nous tend les bras à 2 pas du camping et nous voilà embarqués sur ce beau parcours aérien et esthétique au plus près du jet d’eau, pas dépaysés puisque dehors il pleut déjà et il ne fait pas chaud (glagla à la Fraiche !!!).
Pour le 2ème jour, nous avons prévu un programme bien sympathique, (n’est-ce pas Manu) avec l’Aiguille de Mey par la traversée des rochers de Plassa : histoire de se dégourdir les jambes, une très jolie rando de 1200 m de dénivelé (+200 m d’escalade), d’abord sous les feuillus, puis au milieu des alpages couverts de fleurs pour atteindre le col permettant d’accéder à l’arête. De là on suit le fil, parfois bien aérien, avec montées et descentes jusqu’à atteindre le col de Mey (environ 500 m de traversée, PD et 4B max), une bonne préparation pour la traversée des Aiguilles de la Vanoise. La journée avançant bien vite nous remballons notre projet initial qui comprenait l’enchainement de l’aiguille de Mey (au moins 2 heures supplémentaires de montée-descente en AR). Au total, une course sans doute un peu ambitieuse pour une entrée en matière puisqu’il fallait encore redescendre …. En résumé, un départ sur les chapeaux de roues mais un retour sur les rotules !!!
3ème jour, les rochers de Plassa ont eu raison de Manu et Éric qui optent pour une journée plus cool à la découverte du site d’escalade de la Fraiche qui propose des voies de plusieurs longueurs. Celle du Dièdre Jaune leurs tend les bras, un projet sans souci croyaient-ils. Que nenni, des marques jaunes effacées, un itinéraire incertain et sans doute sous-coté, une sortie aléatoire et voilà nos deux amis bien en délicatesse pour trouver l’itinéraire de sortie et achever la voie. Il n’y en aura pas d’autres cet après-midi-là …. Pour Sappho et moi, les choses ont été difficile à s’enclencher : une voiture qui ne démarre pas : les plafonniers ont veillé toute la nuit !!! et des campeurs appelés à la rescousse pour pousser. Pendant ce temps, Manu prolongeait sa grâce-mat… Finalement un précieux temps de perdu pour rejoindre le parking des Fontanettes. Une montée bien agréable jusqu’au Lac des Vaches. C’est à partir de là que les choses se gâtent une nouvelle fois, un névé bien fourni pour accéder au pied de la voie, une lecture sans doute un peu trop rapide du topo, une 1ère traversée dans une pente à 45° (sans crampons mais heureusement avec piolet, merci Sappho) pour finalement nous rendre compte que nous étions du mauvais côté du rognon, une descente et remontée dans le fameux névé pour trouver le pied de la falaise. Enfin nous sommes au pied de l’Aiguille de la Vanoise à l’assaut de la voie Renée Desmaison avec un RDM un peu effacé à l’attaque. Et voilà comment perdre 2h et entamer notre capital temps nous permettant d’accrocher à notre palmarès cette superbe voie de 350 m et 16 longueurs cotée TD (6b max et 5c obligatoire). Finalement, vers 17h et après avoir parcourus un peu plus de la moitié de la voie dont 1 longueur en 6a et une autre en 6a+, bien sûr déçus de ne pas aller au bout, mais conscients du timing un peu dépassé, nous rebroussons chemin et redescendons en rappel dans la voie, non sans quelques soucis vu les zig-zags de l’itinéraire. René, il faudra bien qu’on retourne te voir pour venir à bout de ton challenge et boire un coup à ta santé !!!
4ème jour, Manu et Éric nous accompagnent un bout de chemin pour accéder aux contreforts du Grand Marchet. Pour nous, ce sera l’arête Est, un itinéraire coté D, 5C max et 5b obligatoire mais avec une pause de protections indispensable (P2). Pour Éric et Manu qui veulent s’acclimater à l’altitude, ce sera le tour du Moriond avec, comme il se doit, un arrêt salvateur au refuge du Barmette pour une galette-frites (thème du jour : rando régénérante !!!). Pas de souci cette foi pour accéder au pied de la voie. Nous enchainons les longueurs sans problème et tenons les délais (au Grand Marchet, nous avons fait nos emplètes, c’était les soldes !!!). Ce n’est qu’à la descente que les choses se corsent un peu avec un rappel coincé à quelques mètres du relais. Assurée par le brin libre et la pause de coinceurs, Sappho récupère la corde sans problème, nous permettant de mettre enfin une croix sur notre projet du jour.
Au 5ème jour, c’est la montée au refuge de la Vanoise qui nous occupe une bonne partie de la journée, nous avons commencé par plier le camp. Nous l’atteignons en tout début d’après-midi, ce qui nous permet de chausser les crampons pour découvrir la progression dans la neige : une première initiation pour Manu et une réacclimatation pour nous. Sappho, qui sort d’un stage d’alpinisme glaciaire d’une semaine, prend les choses en main pour faire découvrir à Manu toutes les subtilités de la progression encordée, et des chutes rattrapées, enfin la plupart du temps ….
6ème jour, à 6h du matin, nous partons à l’assaut du Pelve, un itinéraire essentiellement glaciaire qui doit nous amener sur l’arête de liaison pas si simple d’accès entre les 2 sommets principaux. Nous arriverons non sans fatigue (et sans monotonie !!!) à bout de notre projet qui nous prendra une bonne partie de la journée sur un glacier très bosselé nous obligeant sans cesse à la vigilance pour ne pas nous retrouver les 4 fers en l’air. Avec toutes ces vaguelettes, on a frôlé le mal de mer !!!
7ème jour, notre séjour tire à sa fin et nous allons terminer par un morceau de choix avec la traversée des arêtes de l’Aiguille de la Vanoise d’Est en Ouest (AD-, 3c max et P2), un bel itinéraire qui domine le refuge et se trouve à deux pas (enfin un peu plus quand même). La remontée du pierrier pour accéder au départ de la voie nous sert d’échauffement. Sappho qui a besoin de faire ses gammes dans la recherche d’itinéraire emmène le groupe composé de 2 cordées. Accrochée à ses basques (j’exagère sans doute un peu), il y a Manu et j’emmène un Éric très placide. Vraiment un bel itinéraire, souvent aérien et sur le fil de l’arête qui nous oblige à rechercher les passages les plus commodes et à utiliser au maximum les protections naturelles. Quelques plaquettes quand même dans les endroits stratégiques. Sympas, les Choucas voltigent juste à côté et nous narguent sans doute (les rats). Puisque c’est comme ça, nous on préfère les Chouquettes !!! Un peu de souci quand même pour achever notre projet avec une première descente en rappel qui ne sera finalement pas la bonne et vaudra à Sappho une remontée sur corde. Un nouveau rappel un peu plus loin qui se coincera et m’obligera à faire de même, sous une petite averse qui corse un peu les choses. Finalement, nous sortons indemnes et tous contents de cette superbe traversée.
Dernier jour, il faut quand même nous résoudre à regagner Pralognan pour rentrer à la maison, non sans un petit passage au camping pour une douche salvatrice et quelques emplettes dans le centre-ville (Beaufort quand tu nous tiens !!!). Et devinez qui on retrouve à son poste de conduite tout le long du trajet retour ???
Philippe, juillet 2023